Contexte : Permacomptabilité, 2020
J'ai pendant 17 ans évolué en expertise-comptable : de comptable assistant, à comptable, à collaborateur comptable, à chef de mission. Certains me disaient que mon métier était rébarbatif ; je leur disais non et je le pense toujours, de par la richesse des émotions qui y sont vécues et pas toujours exprimées (négatives ou positives), et de par l'ampleur de la tâche qui y est omniprésente et pas toujours maîtrisée (manque cruel de temps mais une volonté de fer d'aller plus loin vers l'humain, du fait d'une production accrue et permanente de chiffres et de bilans financiers ...).
Artiste et permaculteur depuis toujours, j'ai souvent cherché à intégrer un sens à mon métier. Cela m'a pris beaucoup d'énergie, car il fallait donner du temps en plus de ses 70 heures semaine pour aller sur un conseil avisé et complet de ses clients ..., et réussir à prendre soin de sa famille par ailleurs ! Cela m'a laissé in fine la sensation d'avoir été laissé à moi-même, bridé dans tous mes élans créatifs au nom de la productivité et de la forme ... On peut se demander pourquoi, dans un métier si passionnant, en lien avec des passionnés qui cherchent toujours à innover dans leur maîtrise des systèmes d'information.
Au fil de mes expériences, j'ai toujours voulu aller voir plus loin et comprendre véritablement pourquoi ?
Les réponses étaient là, mais le déni prenait le dessus, par crainte de perdre son travail ou de se faire révoquer. Avec les années, il m'a fallu apprendre à faire tomber le masque (pas toujours évident dans cette posture de conseiller expert), cependant les enjeux de mon métier d'expert-comptable entraient alors en contradiction avec mes convictions personnelles : enjeux climatiques, disparition de biodiversité, soutenabilité faible de nos modèles RSE, manque de temps pour ses clients, trop loin des problématiques terrain, manque de vision globale ...
Trop de non-dits, de tabous, vis-à-vis de ces sujets non mis sur la table voire même non invectivés ... et causant trop de peine aux collaborateurs d'une manière générale m'ont donnés à aller plus loin dans la réflexion. J'ai alors initié en 2020 la Permacomptabilité, afin d'accompagner nos organisations sur une autre voie, holistique, vers la régénération de la planète et des hommes. Je pense aujourd'hui que la vision d'une comptabilité, en tant qu'unique outil financier, est très réducteur. La Permacomptabilité nous ouvre à un autre paradigme d'avenir, en tant qu'outil support de la Permaéconomie initiée par Emmanuel Delannoy.
La Permacomptabilité nous offre un outil formidable de coopération pour synchroniser nos multi-dimensions individuelles et collectives, internes et externes, et nous ouvre le champ des possibles vers des finalités éco et socio-systémiques plus intégrales et vertueuses.
Ce nouveau champ disciplinaire propose d'aller au-delà de l'approche traditionnelle de la permaculture en économie et pose les questions : "À quoi cela ressemblerait le système économique mondial si nous le repensions en utilisant les principes de la Permacomptabilité ?" et "Et si notre système économique ressemblait davantage à un écosystème ?"
Désormais la solidarité la plus nécessaire est celle de l'ensemble des habitants de la Terre." (Albert Jacquard, Biologiste, Généticien, Scientifique,1925 - 2013)
La Permacomptabilité : une opportunité d'avenir pour les experts du chiffre ?
Avec le digital, des études sérieuses nous disent que dans 2 à 3 ans, le comptable est un métier qui aura disparu, au même titre que d'autres métiers du chiffre ?...
Le pire là-dedans est que les comptables que je forme aujourd'hui ne s'attendent pas à être dématérialisés d'ici peu ...
Serait-ce donc là une opportunité pour réinventer ces métiers ?
La Permacomptabilité montre un chemin à expérimenter dès maintenant pour les experts du chiffre et leurs écosystèmes d'affaires. A l'aide de contenus et de formations en intelligence émotionnelle et collective, de parcours co-créatifs en gestion holistique, en stratégie 8 capitaux, en comptabilité multi-capitaux, en biomimétisme, etc.
Le but est d'aider les institutions à se reconstruire, au même titre que de leur permettre de reconstituer le capital Vivant, nécessaire et favorable à la Vie ainsi que l'ensemble des capitaux "nourriciers" Spirituel, Social, Culturel (voir paragraphe 'Aller plus loin vers les 8 capitaux' de l'article PIB ou PermaComptabilité Intérieure Brute?).
Le digital apparaît avec la Permacomptabilité comme une opportunité d'aller vers de nouvelles applications (voir solution 4 de la Solution Permacomptabilité en cliquant ici). En effet, le numérique crée aujourd'hui de considérables dégâts (inégalités de traitement, exclusions, interfaces non adaptées aux malvoyants, problèmes moteurs et visuels, addictions, pollution numérique, délocalisation des données, etc.). Cette solution 4 de la Permacomptabilité se fondera donc sur le développement de communautés apprenantes géographiquement localisées, en lien à une mixité de modalités pédagogiques (contenus hybrides et qualitatifs : plaisir dans l'apprentissage, pédagogie dans l'imaginaire, contenus individuels mais surtout collectifs, leadership éclairé, etc.).
"Redonner de la saveur au savoir " (Hannah Arendt)
La Permacomptabilité, une solution complémentaire aux métiers du chiffre ? Exemple chez les experts-comptables.
Pour faire un retour sur cette bulle de croissance financière pas toujours vertueuse, et qui a tendance de plus à uniformiser les hommes et à noyer les données, en expertise-comptable comme dans d'autres domaines liés aux chiffres (banque, assurance, ...) ... J'y ai en effet pendant longtemps observé un déficit notoire (pas toujours systématique sur l'ensemble des champs proposés d'un environnement à un autre), dans l'application des capitaux dits "nourriciers", par exemple :
- capital vivant : pas de temps de bien-être, amplitudes horaires élevées, pas de prise en compte des besoins personnels, pas d'espace naturel, standardisation de l'individu dans des processus organisationnels descendants, notations individuelles et coefficientées, pas d'espace d'expression et de créativité, écarts de salaires hommes/femmes, parité homme/femme ...
- capital spirituel : pas de moments partagés de prise de conscience des éco et socio-systèmes, pas d'immersion en pleine nature, pas d'ateliers de cohésion ...
- capital culturel : pas de logique d'intégration du personnel, pas d'espace culturel, pas de Comité d'entreprise ...
- capital social : isolation du personnel dans des box sans possibilité de partage en binôme, déconnexion des individus aux autres membres de l'équipe impactant ainsi l'autonomie de l'individu, ..., etc.
Ceci se faisait souvent au profit de capitaux dits "non-nourriciers" :
- capital financier : augmentation de salaires, primes de résultats, systèmes de boni/mali, ...
- capital matériel : poste de travail adapté mais pas toujours ergonomique, voiture de fonction essence, locaux flambants neufs à base de matériaux non renouvelables ...
- capital expérientiel : transmission du savoir et des informations vers l'optimisation financière/fiscale/juridique, transmission de l'effet expérience pour être productif, formations internes aux outils et à la loi de finances nécessaire pour le conseil fiscal client (selon la taille des organisations), ...
- capital intellectuel : disposer d'un savoir à la pointe tourné vers des axes d'optimisation financière et organisationnelle (audit, expertise-comptable, social, RSE hors piste), etc.
Cette non prise en compte des capitaux dits "nourriciers" et la teneur des capitaux "non-nourriciers" axés par ailleurs sur des critères essentiellement financiers, amène donc quasi-systématiquement à du turnover (95% en 2 ans dans certains cabinets vécus), à du stress non accompagné (systématique), à des défauts de management pouvant entrainer à des blâmes et avertissements (leadership non partagé), ..., amenant inexorablement à des arrêts maladie pour harcèlement, à de l'éco-anxiété, à du déni ...
Une solution apparaît cependant pour les experts-comptables (l'exemple ici), d'identifier en lien avec les acteurs de chacun de leurs domaines d'activité stratégique (DAS), l'ensemble des indicateurs internes et externes de dégradation/régénération vis-à-vis de chacun des 8 capitaux (dans un but de préservation de ce qui est CAPITAL : télécharger le carnet de bord Octo-capital en cliquant ici).
De cette observation peut découler une mise en application concrète, à l'aide du détourage d'investissements réfléchis et objectivés pour régénérer les 8 capitaux (comme créer des espaces de bien-être, mettre en place un leadership de sens/partagé, réfléchir à une auto-organisation du capital vivant : management par l'intention et non plus par l'objectif, faciliter le transfert d'une monnaie abondante à une autre : capital financier vers capital vivant, etc.). La mise en œuvre de cette gestion holistique peut permettre de disposer d'une vision plus globale et coopérative, plus transverse et dynamique. L'acquisition de ces micro et macro-forces renforce par ailleurs l'effet expérientiel multi-capitaux, qui auto-alimente à son tour le bien-être général de soi, et donc des autres.
Ces investissements peuvent faire l'objet par ailleurs d'un bilan Triple-Bottom-Line pour favoriser leur suivi dans le temps, et leur lisibilité extra-financière.
Cette démarche peut permettre par ailleurs de rendre les systèmes concernés plus efficients et d'améliorer la qualité structurelle de la circulation des flux d'information.
Pour aller plus loin sur la raison d'être bio-inspirée des métiers du chiffre, nous pourrions imaginer à l'avenir les nommer 'facilitateurs et régulateurs des flux d'informations vertueuses'.
"Designer pour ceux qui comptent vraiment" (DESiGN PermaComptable)
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