Auteur : Charles Judes
Mai 2023
Crédit photo IDEC, 2023
Economie naturelle
L'économie naturelle est un concept qui s'inspire des principes et des modèles de fonctionnement de la nature pour guider nos systèmes économiques. Elle reconnaît que la nature fonctionne de manière circulaire, en utilisant efficacement les ressources disponibles et en favorisant la régénération et l'équilibre.
L'économie naturelle met l'accent sur la durabilité, la résilience et la préservation de la biodiversité. Elle cherche à minimiser les impacts environnementaux négatifs et à favoriser la coopération entre les êtres humains et la nature. Au lieu de considérer les ressources naturelles comme des biens à exploiter de manière illimitée, l'économie naturelle encourage une utilisation responsable et respectueuse des ressources, en reconnaissant leur valeur intrinsèque. L'économie naturelle peut également faire référence à la prise en compte du capital vivant dans les mesures économiques. L'idée est d'évaluer les résultats économiques à long terme en prenant en compte la valeur des actifs naturels, tels que les ressources naturelles, dans l'évaluation de la richesse et du patrimoine d'un pays.
Dans une économie naturelle, les principes de circularité et de régénération sont appliqués aux systèmes de production et de consommation. Les déchets sont réduits au minimum et considérés comme des ressources potentielles pour d'autres processus. Les énergies renouvelables sont privilégiées, et les modèles d'activité économique sont conçus pour fonctionner en harmonie avec les cycles naturels.
L'économie naturelle intègre également des considérations sociales et humaines dans la prise de décision économique. Elle valorise les relations communautaires, la justice sociale et l'équité, reconnaissant que le bien-être des êtres humains est étroitement lié à celui de la nature.
Nous sommes tous invités à valoriser cette économie dont nous dépendons, en lui redonnant le respect et l'attention qu'elle mérite. L'économie naturelle reconnaît l'interdépendance entre les activités humaines et les écosystèmes qui nous soutiennent. Pour valoriser cette économie, nous devons adopter des pratiques durables et respectueuses de l'environnement.
Cela peut inclure des actions telles que la promotion de l'agriculture biologique et de la permaculture, qui respectent les équilibres naturels des écosystèmes et favorisent la régénération des sols. Nous pouvons également soutenir les initiatives de conservation de la biodiversité, en préservant les habitats naturels et en protégeant les espèces menacées.
La transition vers une économie circulaire est également fondamentale. Il s'agit de réduire notre dépendance aux ressources non renouvelables et de promouvoir la réutilisation, le recyclage et la réduction des déchets. En valorisant les matériaux et en adoptant des modèles de production et de consommation durables, nous contribuons à préserver les ressources naturelles et à réduire notre empreinte écologique.
La sensibilisation et l'éducation jouent un rôle essentiel dans la valorisation de l'économie naturelle. Il est important de comprendre les liens entre nos actions quotidiennes et l'impact sur l'environnement. En partageant nos connaissances et en encourageant les autres à adopter des pratiques durables, nous pouvons inspirer un changement positif à plus grande échelle.
Image crédit CEC OUEST, 2023
Enfin, il est essentiel d'encourager les politiques publiques favorables à l'économie naturelle. Cela comprend la promotion de réglementations environnementales strictes, le soutien aux énergies renouvelables et la création d'incitations économiques pour les entreprises qui adoptent des pratiques durables.
En valorisant l'économie naturelle, nous contribuons à préserver notre planète pour les générations futures. C'est une responsabilité collective qui nécessite une action individuelle et collective.
Investir dans la nature
La transition vers une économie durable nécessite une réévaluation de nos instruments de mesure économique, car le PIB (Produit Intérieur Brut) traditionnel ne tient pas compte de la valeur des actifs naturels et ne permet pas de mesurer la réussite économique à long terme. Il est donc essentiel de substituer le PIB par des mesures plus complètes, prenant en compte la valeur des différents stocks de capital.
La notion de "richesse inclusive" émerge comme une alternative au PIB. Cette mesure intègre la valeur du capital matériel (production d'infrastructures, bâtiments, équipements), du capital intellectuel (compétences, connaissances) et du capital vivant. En considérant ces trois types de capital, la richesse inclusive met en évidence l'importance d'investir dans les actifs vivants et les interactions entre les investissements réalisés dans différents domaines. Cette approche plus holistique permet de déterminer si un pays prospère véritablement sur le plan économique.
Certains pays ont déjà commencé à adopter de nouvelles mesures. Par exemple, la Nouvelle-Zélande a mis en place un "budget bien-être" (voir ici) et la Chine centrale a mis en place un premier projet pilote au Hubei consistant en un "produit écosystémique brut" (voir ici). Ces initiatives visent à dresser un tableau plus complet de la réussite économique en prenant en compte le capital vivant.
Hubei Province, source https://www.asiaculturaltravel.co.uk/hubei-province/
Il est important de noter que le commerce de ressources naturelles, tel que les produits primaires provenant des régions tropicales, ne reflète pas les coûts sociaux liés à leur extraction et à leur impact sur les écosystèmes d'origine. Ainsi, il peut y avoir un transfert de richesse des pays exportateurs vers les pays importateurs, sans que cela soit clairement visible dans les statistiques officielles. Il est donc nécessaire de prendre en compte ces aspects dans les mesures économiques afin d'évaluer de manière plus précise l'impact environnemental et social des activités économiques.
Investir dans la nature est également essentiel. Notre système financier doit orienter les investissements publics et privés vers des activités économiques qui renforcent nos réserves de ressources naturelles et encouragent une consommation et une production durables. De plus, il est important de reconnaître que la nature a sa propre capacité de croissance et de régénération, et parfois il suffit simplement de lui laisser le temps de se développer !
S'inspirer des patterns naturels pour son modèle d'entreprise
La nature est tissée de motifs complexes qui se répètent à différentes échelles. Des motifs simples composent des formes plus élaborées, et ces motifs sont en constante interaction avec les flux naturels d'énergie. Ils permettent à l'énergie de circuler, fournissent une structure solide et s'adaptent naturellement à leur environnement. En observant ces motifs, nous pouvons apprendre de la nature et intégrer ces principes dans nos pratiques économiques (non exhaustif) :
Économie circulaire : Ce modèle s'inspire du cycle naturel des matériaux dans les écosystèmes. Il vise à minimiser les déchets et à optimiser l'utilisation des ressources en favorisant la réutilisation, le recyclage et la régénération des produits et des matériaux.
Mutualisme : Inspiré des relations symbiotiques entre différentes espèces dans la nature, ce modèle encourage la collaboration et les partenariats bénéfiques pour toutes les parties prenantes. Il met l'accent sur la création de valeur partagée et la promotion de l'interdépendance positive.
Intelligence collective : Ce modèle s'inspire des systèmes sociaux des insectes sociaux tels que les fourmis et les abeilles. Il repose sur la collaboration, la communication efficace et la coordination des efforts individuels au sein d'une organisation pour atteindre des objectifs communs.
Adaptabilité et résilience : Les écosystèmes naturels sont connus pour leur capacité à s'adapter aux changements et à faire preuve de résilience. Les entreprises qui adoptent ce modèle cherchent à développer une flexibilité et une agilité similaires pour s'adapter rapidement aux conditions changeantes du marché.
Biomimétisme technologique : Ce modèle s'inspire des formes et des fonctions trouvées dans la nature pour concevoir des produits et des technologies innovantes. Par exemple, l'aérodynamique des oiseaux peut être utilisée pour améliorer l'efficacité des avions, ou la structure des feuilles peut être utilisée pour concevoir des panneaux solaires plus efficaces.
La permacomptabilité se présente comme une approche qui cherche à aligner notre comptabilité avec les motifs naturels et les flux d'énergie. Elle reconnaît que les formes créées par l'homme peuvent soit faciliter le mouvement naturel de l'énergie, soit le bloquer. Malheureusement, de nombreux motifs créés par l'homme, influencés par des contraintes de temps et d'argent, ne sont pas en harmonie avec la nature. Ils nécessitent un entretien constant, limitent le flux d'énergie optimal et peuvent même causer des problèmes.
Cela est à relier à l'art de percevoir notre environnement, voir l'excellent reportage d'Arte à ce sujet :
Pour remédier à cela et permettre une circulation fluide de l'information, la permacomptabilité propose d'adopter des formes et des motifs inspirés de la nature. Prenons l'exemple des lignes droites. Dans la nature, il est rare de trouver des lignes droites, alors pourquoi les utilisons-nous souvent dans nos architectures, dans nos méthodologies d'innovation ?
Des formes courbes, comme un mur incurvé, offrent une résistance structurelle naturelle et se soutiennent mutuellement, nécessitant ainsi moins de soutien externe.
Chaque lieu a ses propres motifs naturels, tout comme les personnes qui y vivent. En travaillant avec ces motifs naturels, que ce soit pour concevoir un environnement ou un système agricole, nous pouvons obtenir de meilleurs résultats qui nécessitent moins d'entretien. Non seulement cela améliore la productivité, mais cela crée également des espaces visuellement attrayants, agréables à vivre et source de fierté pour leurs habitants.
L'utilisation de formes et de motifs naturels dans nos conceptions et nos pratiques économiques apporte également une dimension esthétique à notre environnement. La beauté des motifs naturels est indéniable, et en les intégrant dans nos designs, nous créons une esthétique harmonieuse et agréable à contempler.
Laissons libre cours à notre imagination et embrassons ces motifs naturels dans nos réalisations.
Comprendre les Fractales pour sa permacomptabilité
La permacomptabilité, qui englobe les 8 capitaux vivant, matériel, intellectuel, culturel, spirituel, monétaire, social et expérientiel, peut être rattachée aux concepts de fractales et de motifs auto-similaires présents dans la nature.
Les fractales représentent des motifs récurrents et auto-similaires, reflétant ainsi une organisation efficace et durable. Ces motifs se retrouvent dans de nombreux aspects de la nature, tels que la croissance des plantes, la formation des structures biologiques et même dans les processus non biologiques comme la distribution des ressources naturelles.
En considérant les 8 capitaux dans le contexte de la permacomptabilité, il devient évident que chaque capital est connecté et interdépendant, formant un système complexe similaire aux fractales. Les capitaux vivant, matériel, intellectuel, culturel, spirituel, monétaire, social et expérientiel sont tous des éléments essentiels à une vie équilibrée et durable.
La compréhension des motifs et des structures fractales dans la nature peut nous aider à concevoir des systèmes permacomptables qui optimisent l'utilisation des différents capitaux. En utilisant ces motifs naturels dans la conception de nos environnements et de nos pratiques, nous pouvons favoriser une circulation optimale de l'énergie, améliorer la productivité, créer des résultats esthétiques et agréables, tout en réduisant le besoin d'entretien constant.
En adoptant une approche permacomptable et en s'inspirant des motifs de la nature, nous pouvons construire un avenir durable, où l'économie et l'environnement coexistent en parfaite harmonie.
Quelques exemples concrets de permacomptabilité
Voici quelques exemples concrets pour illustrer des pratiques de permacomptabilité :
Évaluation de l'empreinte écologique : La permacomptabilité encourage l'évaluation de l'empreinte écologique d'une organisation ou d'un projet. Cela implique de mesurer la consommation de ressources naturelles, les émissions de gaz à effet de serre et l'impact sur les écosystèmes afin de prendre des décisions éclairées pour réduire son empreinte environnementale.
Comptabilité du capital vivant : La permacomptabilité intègre la valorisation du capital vivant dans les états financiers d'une entreprise. Cela signifie prendre en compte la valeur des écosystèmes, des ressources naturelles et des services écosystémiques dans les rapports financiers, ce qui permet de mieux comprendre leur contribution économique et leur importance pour le développement durable.
Systèmes de mesure multidimensionnels : La permacomptabilité encourage l'utilisation de systèmes de mesure qui prennent en compte différentes dimensions du bien-être humain et environnemental. Cela peut inclure des indicateurs tels que le bonheur, la santé, la qualité de l'air et de l'eau, la biodiversité, et d'autres facteurs qui vont au-delà des mesures traditionnelles telles que le PIB.
Analyse des externalités : La permacomptabilité met l'accent sur l'analyse des externalités, c'est-à-dire les impacts positifs ou négatifs d'une activité économique qui ne sont pas pris en compte dans les prix ou les états financiers traditionnels. Cela permet de mieux comprendre les coûts et les avantages sociaux et environnementaux d'une activité et d'orienter les décisions vers des solutions plus durables.
Reporting intégré : La permacomptabilité encourage l'adoption d'une approche de reporting intégré, qui combine les aspects financiers, environnementaux et sociaux d'une organisation dans un seul rapport. Cela permet une vision holistique de la performance globale de l'entreprise et facilite la prise de décisions basées sur une compréhension plus complète des enjeux.
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