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Charles Judes, Septembre 2024
Quelques définitions avant de commencer :
Transcendantale : Ce terme fait référence à quelque chose qui dépasse l'expérience ordinaire ou qui va au-delà des capacités humaines normales de compréhension. En philosophie, surtout chez Kant, la « transcendance » évoque des conditions qui permettent la connaissance et l'expérience, mais qui sont elles-mêmes hors de portée directe de l'expérience humaine.
Obscurité : L'obscurité, dans ce contexte, ne signifie pas simplement « ténèbres » au sens physique, mais plutôt une forme d'inaccessibilité ou d'incompréhension intellectuelle. C’est ce qui est difficile à saisir, à éclaircir ou à comprendre pleinement.
Introduction
La complexité, dans son essence la plus pure, se manifeste comme un réseau intriqué de relations et d’interactions, où chaque élément est à la fois cause et effet, et où les significations évoluent de manière fractale et non linéaire. Cette complexité transcendantale défie les tentatives humaines de représentation et de compréhension. Le langage, en tant qu’outil de conceptualisation, se trouve pris dans une spirale d’autoreproduction où chaque terme est à la fois porteur de sens et générateur de nouvelles significations, rendant l’appréhension d’un système complexe non seulement difficile, mais souvent impossible.
Face à ce défi, il devient très opportun de développer des outils qui permettent de naviguer dans cet océan d’interdépendances et d’émergences. C’est ici qu’intervient la représentation simplexe de la Permacomptabilité™, une approche innovante qui vise à rendre la complexité plus accessible à la prise de décision stratégique tout en respectant la profondeur de ses dynamiques sous-jacentes.
1. La Complexité : Une Obscurité Transcendantale Insondable
La complexité, loin de se réduire à une juxtaposition d’éléments hétérogènes, s’inscrit dans une dynamique diachronique et synchronique où chaque variable interagit à la fois comme cause, effet et réitération d’elle-même, formant une cartographie sémantique non-euclidienne dont les contours fluctuent continuellement selon des lois inaccessibles à la conscience humaine. L'essence même de la complexité réside dans la discontinuité topologique des relations entre ses composants, chaque nœud conceptuel opérant comme un vortex polyréférentiel dont la valeur sémantique est soumise à des métamorphoses perpétuelles, émergeant et se résorbant dans des espaces interstitiels d'énonciation.
Le langage que nous utilisons pour conceptualiser la complexité est lui-même pris dans une spirale d’autoreproduction fractale, où chaque mot, chaque symbole, chaque signe est à la fois un énoncé et une rétroaction, un microcosme de relations signifiantes se recomposant à l’infini. Cette résonance sémantique, oscillant à travers les différentes strates d’un champ de significations toujours en expansion, perturbe la structure même du sens, qui devient évanescent à mesure qu’on tente de le cerner. L’énoncé, au lieu d’être porteur d’une signification univoque, se transforme en un espace de résonance, de diffraction du sens, où chaque interprétation produit de nouvelles ramifications et décentre le point de focalisation initial.
Cette complexité n’est pas seulement structurelle, mais méta-structurelle : elle englobe non seulement les relations entre éléments, mais aussi les relations entre ces relations, et les relations entre les relations de ces relations, engendrant une cascade de méta-niveaux sémantiques où la tentative de saisir l’ensemble échoue par principe. L’esprit humain, dans son effort de modélisation, se trouve pris dans un vortex de contradictions internes, où chaque effort pour réduire la complexité à une compréhension logique ou cartésienne multiplie les couches de paradoxes, rendant la perception d’un tout absolument insaisissable.
Il existe une imbrication non seulement des composants structurels, mais des temporalités du sens, créant une temporalité sémantique non linéaire où passé, présent et futur ne sont plus dissociables, chaque instant de compréhension reconfigurant rétroactivement l’ensemble de la structure conceptuelle. Les relations de causalité deviennent ainsi cycliques, non seulement dans le domaine de la signification, mais également dans celui de l’articulation ontologique des objets eux-mêmes.
La complexité sémantique atteint ici un niveau d’enchevêtrement tel qu’elle se déploie au-delà des capacités cognitives humaines, non seulement parce que le nombre de variables est trop élevé, mais parce que ces variables sont prises dans une boucle récursive où elles se redéfinissent mutuellement à l’infini, formant ainsi une matrice inextricable d’autocorrélation. Toute tentative de captation devient une opération aporétique, un mouvement sans fin vers un horizon qui se dérobe constamment sous le poids de ses propres redéfinitions.
Ainsi, la complexité, dans son essence la plus pure, transcende toute capacité de formulation, engendrant une incommensurabilité intrinsèque qui rend impossible toute clôture conceptuelle. Le sens, comme un spectre insaisissable, danse à la lisière de l’intelligible, dissolvant toute tentative de saisie définitive dans une prolifération infinie d’interconnexions en perpétuel devenir.
PS : Avez-vous tout compris ? Promis, cela sera plus simple après !
2. La Représentation Simplexe Permacomptable de la Complexité pour les Décisions Stratégiques
La notion de complexité, dans son expression multidimensionnelle, exige de nouveaux paradigmes de représentation pour permettre aux décideurs stratégiques d'interagir avec des systèmes profondément interconnectés. Dans ce contexte, la représentation simplexe permacomptable offre un cadre conceptuel radicalement innovant, visant à simplifier sans trahir la profondeur inhérente des dynamiques complexes. Il s'agit d'une approche qui combine la géométrie du simplexe et la logique permacomptable pour modéliser les multiples dimensions de la complexité, tout en rendant ces dimensions accessibles à la prise de décision.
Le simplexe, en tant que structure géométrique, se définit comme une extension multi-dimensionnelle du triangle, capable de représenter des relations complexes entre plusieurs variables interdépendantes. Dans ce modèle, chaque sommet du simplexe correspond à une dimension spécifique (facteurs économiques, sociaux, écologiques, technologiques, etc.), et les interactions entre ces dimensions sont visualisées par des faces, arêtes et volumes qui expriment des compromis ou des synergies.
Contrairement aux modèles linéaires qui décomposent les relations en chaînes causales directes, la géométrie du simplexe permet de représenter les interdépendances simultanées, offrant ainsi une cartographie où chaque décision stratégique influence plusieurs dimensions à la fois. Ce cadre structurel est essentiel pour capturer les comportements émergents des systèmes complexes, tout en maintenant une représentation visuelle intuitive qui favorise une compréhension intégrée.
La logique permacomptable dépasse la comptabilité traditionnelle en introduisant une méthode d'évaluation dynamique et circulaire, s’inspirant des principes de la permaculture. Dans cette approche, chaque décision est évaluée non seulement selon ses impacts immédiats, mais aussi en fonction de ses effets récurrents et rétroactifs sur le système dans son ensemble. Cela inclut des variables non-financières comme les flux d’information, l'énergie, les ressources environnementales et les relations sociales.
Méthodologie VOBREDIMET
La Permacomptabilité™ fonctionne comme un processus d’équilibrage dynamique, où chaque décision stratégique est soumise à une auto-évaluation itérative prenant en compte les rétroactions à long terme. Ce mécanisme permet d’identifier les points d’inflexion ou les seuils critiques au-delà desquels de petites variations dans un facteur peuvent entraîner des conséquences disproportionnées dans d'autres parties du système. La complexité n’est pas simplement mesurée en termes de quantité de variables, mais en termes de la densité et du poids de leurs interconnexions.
Ceci entre pleinement en phase avec la cosmologie indigène Bribris (Costa Rica), une communauté qui mesure en permanence l'équilibre des réalités autour des besoins. Par exemple, des événements communautaires sont systématiquement organisés afin de réaligner les relations entre les membres de la communauté, la nature et les ancêtres, en veillant à maintenir une harmonie cosmologique. Ces événements rituels et spirituels, tels que les cérémonies de la "Casa Cósmica" (Maison Céleste), jouent un rôle fondamental dans la gestion de l'équilibre des ressources et des besoins humains, selon une vision holistique où l'interdépendance entre le spirituel, le social et l'environnemental est centrale.
La complexité devient alors simplexe, du fait de la réduction à des principes fondamentaux d’harmonie et de réciprocité. La notion de "simplexe" implique que, bien que le système soit complexe dans ses interrelations, il se gouverne par des règles simples et profondes qui facilitent sa compréhension et son intégration (capabilités). En cela, la cosmologie indigène et la Permacomptabilité™ se rejoignent, toutes deux cherchant à intégrer des variables multiples en un tout cohérent, où chaque élément trouve sa juste place.
Cette approche souligne l'importance de l’autorégulation et de la résilience. Plutôt que de tenter de contrôler tous les aspects du système, il s’agit d’identifier les pivots critiques – des points de connexion clé dans l’écosystème – où de petites interventions peuvent avoir des effets amplifiés sur l’ensemble. C'est ce que les Bribris appellent le "réglage cosmique", un ajustement permanent des relations entre les forces naturelles, humaines et spirituelles pour maintenir l’équilibre à long terme.
Représentation de la cosmologie des indiens bribris (Costa Rica),
la base du maintien culturel de l'équilibre communautaire (humain et non-humains)
Dans un Centre de Transition ou Écosystemic Living Lab Permacomptable (en savoir plus en cliquant ici), cette vision est traduite en pratique à travers des cycles d'évaluation et de rétroaction réguliers.
Par exemple, lorsqu’une communauté décide d’introduire une nouvelle pratique agricole ou énergétique, elle suit une démarche inspirée par ces principes de réciprocité et d’équilibre. Chaque innovation est testée non seulement en termes de rentabilité immédiate, mais aussi par rapport à ses impacts sur l’équilibre social et écologique, à travers des indicateurs multi-dimensionnels, les fameux 8 capitaux.
Dans ce cadre, chaque décision stratégique adoptée par un Écosystemic Living Lab 8 Capitaux est sujette à des cycles de réévaluation et d’ajustement. Ces cycles sont basés sur des données quantitatives (comme la consommation d'énergie ou les émissions de CO2) mais aussi qualitatives (telles que les perceptions et ressentis des membres de la communauté). La permacomptabilité favorise ainsi un apprentissage collectif où chaque itération du processus est une opportunité d’amélioration. À chaque étape, de nouvelles informations sont prises en compte, garantissant que le système ne soit jamais figé et puisse s’adapter aux nouvelles réalités environnementales et sociales.
Cette co-création continue permet de générer des solutions qui ne sont pas simplement des réponses techniques aux problèmes locaux, mais des transformations culturelles profondes qui s’alignent avec les valeurs de durabilité et de régénération. Les Écosystemic Living Labs deviennent alors des espaces où les communautés locales peuvent non seulement expérimenter de nouvelles pratiques écologiques, mais aussi revisiter et réinventer leurs propres systèmes de valeurs, en cherchant des réponses éthiques et durables aux défis contemporains.
3. Synthèse simplexe pour faciliter la mise en action : simplexité permacomptable et prise de décision stratégique
Vidéo de présentation à HEC Transition 2024
Comme nous pouvons le voir dans la vidéo ci-dessus, la combinaison du modèle géométrique du simplexe et de la Permacomptabilité™ crée un cadre novateur permettant de saisir la complexité systémique sans réduire ses multiples dimensions à des approches linéaires ou simplistes. Le simplexe, en tant qu'outil visuel multi-dimensionnel, permet de représenter les interdépendances entre différents facteurs (économiques, écologiques, sociaux, etc.), tandis que la Permacomptabilité™ introduit une méthode dynamique d'auto-apprentissage et dont d'auto-évaluation itérative. Cela favorise une prise de décision stratégique qui tient compte des effets de rétroaction et des impacts systémiques à long terme.
Ce modèle hybride facilite la compréhension des systèmes complexes en offrant aux décideurs une visualisation intuitive de leurs décisions et de leurs conséquences à travers des cycles d'itération. En effet, au lieu d’analyser chaque dimension de manière isolée, la simplexité permacomptable permet d’identifier les points d'inflexion où de petites variations peuvent avoir des effets exponentiels dans d'autres dimensions du système. Cette approche est particulièrement pertinente dans les Écosystemic Living Labs ou Centres de Transition Holistiques qui commencent à émerger un peu partout dans le monde, où les communautés locales expérimentent des pratiques durables basées sur des indicateurs multi-dimensionnels tels que les huit capitaux (vivant, matériel, social, culturel, etc.).
En utilisant ce modèle, les décisions stratégiques sont soumises à des cycles continus de réévaluation et d'amélioration. Par exemple, une décision concernant l’utilisation des ressources naturelles dans un centre peut être modélisée dans un simplexe à plusieurs dimensions (a minima environnementale, sociale, économique). En prenant en compte les rétroactions entre ces dimensions à travers les cycles de Permacomptabilité™, les décideurs sont en mesure de faire des ajustements qui minimisent les risques de perturbation et maximisent la résilience globale.
Conclusion
La complexité transcendantale, souvent perçue comme une réalité insaisissable et aporétique (voir définition ici), trouve dans l’approche simplexe de la Permacomptabilité™ une réponse pragmatique et opératoire. En combinant la puissance visuelle du simplexe avec la rigueur dynamique de la Permacomptabilité™, cette méthode permet aux décideurs de naviguer dans la complexité systémique avec une vision plus holistique, flexible et résiliente.
Cette approche offre un outil précieux pour anticiper et gérer les défis contemporains dans des environnements profondément interconnectés et en perpétuelle évolution. En rendant accessible l’intrication des dimensions écologiques, sociales et économiques, la simplexité permacomptable transforme la complexité abstraite en un cadre concret de gestion stratégique. Elle ouvre ainsi la voie à des pratiques de gouvernance éthique, durable et véritablement adaptées aux réalités complexes du XXIe siècle.
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